Chronique 26 : L’orgueil ou la mauvaise haleine.

Bien-aimés dans le Seigneur,
paix et joie à vous de la part de Jésus Christ
notre Unique Sauveur 
!

Telle la poussière, il s’infiltre partout chez l’homme et chez tous les hommes. Il peut affecter les bonnes tout comme les mauvaises intentions ou actions. Un auteur anonyme le compare volontiers à la mauvaise haleine ; tout le monde la remarque et en souffre sauf l’intéressé lui-même. De quoi s’agit-il, sinon de l’orgueil, la tête de peloton des péchés capitaux. L’orgueil est le refus fondamental de reconnaître ses limites en tant que créature. Les Pères de l’Eglise n’hésitaient pas à voir dans l’orgueil, la source, l’origine et la racine de tout péché, aussi bien du genre humain que de chaque pécheur pris dans sa singularité. C’est l’orgueil qui entraîna la chute de Lucifer qui voulait égaler Dieu.

L’orgueil apparaît ou se dissimule sous les traits appuyés de l’amour-propre, de la fatuité, de la gloriole, de la suffisance, de la vanité, du dédain, de l’opiniâtreté, de l’arrogance, de la prétention ou de la mégalomanie. Il revêt aussi deux masques : le perfectionnisme et la fausse humilité. En effet, derrière le perfectionnisme de celui qui ne tolère aucune imperfection chez lui-même et chez les autres se cache l’orgueil et la volonté de se démarquer du commun des mortels. Derrière l’auto-dépréciation récurrente de soi (je ne suis rien, je n’ai rien) se cache la volonté du discours contraire mais à l’initiative des autres. C’est ce qu’on appelle couramment la fausse humilité qui est une forme déguisée de l’orgueil.

L’orgueilleux vit fondamentalement pour soi et par soi. Il vit pour lui-même parce que tout ce qu’il fait doit lui rapporter quelque intérêt ou satisfaction. Même le bien qu’il fait doit lui rapporter la satisfaction de la reconnaissance des bénéficiaires et de la renommée de bienfaiteur qu’il acquiert auprès de l’entourage. Il ne connaît que ses propres intérêts. L’orgueilleux vit par lui-même parce qu’il tient à s’auto-déterminer, à s’auto-suffire. Il ne veut rien devoir à autrui, pas même à Dieu. L’auto-référentialité et l’auto-suffisance l’installent progressivement dans une tour infernale.

La Bible n’est pas tendre avec l’orgueil. En effet, « le commencement de tout péché, c’est l’orgueil », lisons-nous dans (Si 10, 13). Le livre des Proverbes est encore plus clair : « L’orgueil précède l’effondrement, et la prétention, la chute » (Pr 16, 18). Si le Christ n’annonce pas un lendemain meilleur à l’orgueilleux « qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé » (Lc 14, 11), Saint Jacques se veut plus sentencieux « Dieu s’oppose aux orgueilleux » (Jc 4,6).

L’idéal de la vie chrétienne étant la communion avec Dieu sur terre et après, au ciel pour l’éternité, il importe que tout chrétien lutte résolument contre l’orgueil. Pour ce faire, il lui faut :

  • Prendre conscience de ses limites physiques, physiologiques et psychologiques. Qu’est-ce que l’homme sinon de la poussière ennoblie ad tempus par Dieu qui redeviendra nolens volens poussière avant de connaître la grâce de la résurrection ?
  • Apprendre à accepter les humiliations et les contrariétés que nous infligent la vie ou les autres.
  • Revêtir l’humilité en allant à l’école de la croix du Christ. A l’ombre de la croix, on comprend la profondeur de l’humilité et la grandeur de l’exaltation qu’elle génère.
  • S’inscrire à l’école des saints comme François d’Assise et Thérèse de l’Enfant Jésus
  • Prier et jeûner pour demander à Dieu la grâce de l’humilité

A jeudi prochain si Dieu le veut !

 

Père Eric Oloudé OKPEITCHA

Diocèse de Porto-Novo