Chronique 28 : Seigneur, voici mes mains !

 

Bien-aimés dans le Seigneur,
paix et joie à vous de la part de Jésus Christ
notre Unique Sauveur 
!

La main est d’une utilité capitale pour la vie et les activités de l’homme. Ce dernier ne s’en rend pas toujours compte. Il lui faut parfois un souci à l’une ou l’autre pièce de la main pour s’en convaincre surtout quand les actions ordinaires deviennent problématiques. La main a toujours suscité la curiosité et l’étude des anatomistes, philosophes, poètes, écrivains, sculpteurs, peintres et Maîtres spirituels de toutes les traditions religieuses.

La culture africaine accorde une place importante à la main. Pour révéler à quelqu’un que l’on perçoit bien ses actions positives ou négatives, on se contente de lui dire que l’on voit sa main. « n mo alo towé » en Gun ou « Mo ri owo rè » en yoruba. La main sert aussi à adresser ses félicitations : « Alo towe dié ! », « Owo ogou rè ni yi ». Bouclons ces considérations sur la main dans nos cultures par le domaine sensible du mariage où elle symbolise toute la personne de l’épouse. Nous avons le rite de « la demande de main » et le geste éminemment symbolique de la remise de la main de l’épouse à la famille de l’époux, sa nouvelle famille.

Dans la Bible, la main du Seigneur désigne sa puissance ; « la main du Seigneur » était sur Esdras pour l’aider dans l’œuvre gigantesque du retour en Israël après la douloureuse expérience babylonienne ; la main du Seigneur pourvoit aux besoins de ses créatures : « Tu ouvres ta main et tu donnes à tous les êtres vivants ce qu’ils désirent. » (Ps 145, 16). Le Christ guérit les malades en leur imposant les mains ou en les touchant simplement de ses mains.

Pourquoi cet intérêt soudain pour la main ?  Sinon parce que le Ressuscité que nous contemplons nous a quelque peu surpris face à Thomas qui n’a pas voulu fonder sa foi en la résurrection juste sur le récit de ses frères. En effet, pour satisfaire à l’exigence de Thomas, le Ressuscité n’a pas montré son visage le lieu le plus indiqué pour justifier son identité. Il a montré ses mains avec les marques de clous, signe de l’amour incommensurable qu’il a pour les hommes et qui l’a conduit à la mort de la croix et à la résurrection. Les marques des clous viennent donc couronner toutes les œuvres de miséricordes corporelles et spirituelles qu’il a accomplies tout au long de sa vie ; et c’est pour cela qu’elles sont restées même après la résurrection.

Bien-aimés dans le Seigneur, un jour chacun de nous devra se présenter devant le Trône divin avec ses paroles : « Seigneur, voici mes mains » avec toutes nos œuvres dont seules les marques nous accompagneront dans l’au-delà pour notre identification finale comme fils de Dieu ou fils du Démon selon nos options terrestres. Ce n’est d’ailleurs pas anodin si déjà sur terre, les empreintes digitales complètent la photo du visage dans le processus d’identification des personnes.

Vivre en ressuscité, c’est remplir ses mains d’œuvres d’amour tout comme le Christ pour pouvoir les montrer sereinement un jour à Dieu et s’entendre dire « mon fils bien-aimé, entre dans la joie de ton Maître ». C’est là tout l’enjeu de la célébration du mystère pascal.

 

A jeudi prochain si Dieu le veut !

 

Père Eric Oloudé OKPEITCHA

Diocèse de Porto-Novo