Bien-aimés dans le Seigneur,
Paix et Joie à vous de la part de Jésus Christ, notre Unique Sauveur !
Une crise décisive accompagnée d’une forte agitation survenue dans le jardin de sa résidence à Milan le laissa en larmes sous un figuier. Alors, une voix d’enfant criant « prends, lis ! prends, lis ! » lui parvint à l’oreille. Il ouvrit par hasard l’épître aux Romains et tomba sur le passage : «Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans orgies ni beuveries, sans luxure ni débauches, sans rivalité ni jalousie, mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ ; ne vous abandonnez pas aux préoccupations de la chair pour en satisfaire les convoitises.» (Rm 13, 13-14). Ses doutes fondirent comme la cire au soleil ; c’est le dénouement d’une longue période d’errements moraux, philosophiques et religieux habités tout de même par une quête permanente de la vérité et de Dieu. En effet, quand il arriva à l’âge de dix-sept ans à Carthage, il découvrit une ville dominée par la débauche et la jouissance auxquelles il s’adonna lui-même avec plaisir. Il lut assidument Cicéron et les néo-platoniciens et adhéra au manichéisme – un syncrétisme fait d’un cocktail de zoroastrisme, du bouddhisme et du christianisme, pendant neuf ans avant d’y renoncer.
Il pouvait désormais aspirer au baptême qu’il reçut avec son fils Adeodat et un ami dans la nuit pascale du 24 au 25 avril 387 des mains de Saint Ambroise alors évêque de Milan. Ainsi commença pour lui, une nouvelle vie en Jésus sous le sceau de l’Esprit saint qui devait le conduire à la vie monastique avec quelques amis, au sacerdoce et puis à l’épiscopat. Pendant plus de trois décennies, il parcourut de manière inlassable les routes de l’Italie du Nord comme celles de son vaste diocèse tout en laissant à la postérité une importante œuvre théologique. Il mourut en 430 pendant le siège d’Hippone par les vandales. Avec saint Ambroise de Milan, saint Jérôme et saint Grégoire 1er, il forme le cercle des quatre Pères de l’Eglise d’Occident. L’Eglise universelle fait mémoire de lui le 28 août.
Vous l’auriez compris, il s’agit de saint Augustin, Evêque d’Hippone, né le 13 novembre 354 à Thagaste (aujourd’hui Souk Ahras, aux confins de l’Algérie et de la Tunisie). C’est une figure éminente dont l’Eglise en Afrique pourrait tirer une légitime fierté en exploitant au mieux la mine qu’il cristallise du point de vue théologique, pastoral et spirituel. En effet, tout chrétien pourrait bien se mirer dans le parcours spirituel de saint Augustin. Par-delà ses errements, il a découvert et mis en pratique jusqu’au soir de sa vie, une donnée fondamentale de la vie spirituelle : se reconnaître pécheur en chemin jusqu’à l’entrée dans la vie éternelle. Comme Evêque, il a mené une lutte farouche contre les hérésies de son temps (manichéisme et donatisme) et contre la traite des personnes. Ce qui ne l’a pas empêché de rendre intelligible le mystère du vrai Dieu révélé en Jésus Christ à travers une production très prolifique d’homélies et d’écrits parvenus jusqu’à nous.
Célébrer aujourd’hui en tant que chrétien africain la mémoire de Saint Augustin, c’est tout au moins se décider à lire ou relire son ouvrage intitulé Les Confessions dont un célèbre passage servira de conclusion à cette chronique :
« Tu étais au-dedans de moi
Et moi, j’étais dehors, et c’est là que je t’ai cherché.
Ma laideur occultait tout ce que Tu as fait de beau.
Tu étais avec moi
Et je n’étais pas avec toi ;
Elles me retenaient loin de toi,
Ces choses qui pourtant,
Si elles n’existaient pas en toi, n’existeraient pas.
Tu as appelé, tu as crié, et tu as brisé ma surdité ;
Tu as brillé, tu as resplendi,
Et tu as dissipé ma cécité ;
Tu as embaumé, j’ai respiré
Et haletant, j’aspire à toi
J’ai goûté et j’ai faim et soif
Tu m’as touché et je brûle pour ta paix. »
Abbé Eric Oloudé OKPEITCHA
Diocèse de Porto-Novo