Bien-aimés dans le Seigneur,
paix et joie à vous de la part de Jésus Christ
notre Unique Sauveur !
Chaque année, le mois de novembre dégage l’odeur de la fin :
– la fin de l’année civile qui n’est plus qu’une question de semaines ;
– la fin de l’année liturgique pour nous chrétiens catholiques avec la méditation des textes focalisant notre attention sur la fin du monde ;
– la commémoration de tous les fidèles défunts le 02 novembre avec la bénédiction des tombes dans les cimetières.
Durant le mois de novembre, les tombes de nos parents et amis défunts sont nettoyées, fleuries ou garnies de cierges allumés. Dans les communautés paroissiales, les demandes de messes en suffrage pour les morts augmentent de manière exponentielle. Spontanément, certains font un ou plusieurs tours au cimetière, lieu de silence par excellence où tant de rêves, d’ambitions, de titres et de gloire se sont évanouis retournant l’homme à la poussière d’où il est tiré ; le cimetière, lieu où malgré ses rêves secrets d’immortalité et ses vaines tentatives d’ignorer ou de repousser vers un horizon lointain la réalité de sa finitude, l’homme est invité sinon obligé de se confronter à la mort et à sa mort, à l’au-delà de la vie et à la vie dans l’au-delà.
Mais en réalité, plus qu’une simple confrontation, l’homme et surtout le chrétien a besoin d’une véritable réconciliation avec la mort pour bien vivre. C’est ce à quoi s’emploie quotidiennement la liturgie de l’Eglise en évoquant systématiquement la mémoire de nos frères et sœurs défunts à chaque célébration eucharistique et à la fin de la prière d’intercession des vêpres. Elle le fait aussi en orientant les prières après la communion vers la vie après la mort à travers les expressions comme « la vie éternelle », « les joies du ciel », « les biens éternels », « la résurrection bienheureuse », « le Royaume des cieux », « le bonheur du ciel ». Toutes ces expressions et beaucoup d’autres sont en réalité des harmoniques du mystère pascal, en d’autres termes, de la passion, mort et résurrection du Christ que l’Eglise célèbre à chaque eucharistie.
Une vraie réconciliation avec la mort passe donc par une profonde intériorisation du mystère pascal du Christ qui est le lieu de sens de la vie et de la mort du chrétien comme passage vers le Père. C’est là que le chrétien puisera l’énergie nécessaire pour envisager avec sérénité sa fin, sa mort et surtout intensifier son goût de bien vivre en aimant le Christ et le prochain. De ce monde qui passe, l’homme n’emportera que les souvenirs des gestes et des moments d’amour pour Dieu et pour le prochain. C’est ce que souligne en d’autres termes Steve Jobs sur son lit de mort : « La richesse, pour laquelle j’ai tant lutté et que j’ai obtenue dans ma vie, je ne peux pas l’emporter avec moi. Ce que je peux emporter, ce ne sont que les souvenirs résultant de l’amour. Ce sont là les vraies richesses qui vous suivent, vous accompagnent, qui vous donnent la force et la lumière pour continuer. »
Dans cette disposition psychologique et spirituelle, le chrétien n’attendra plus le mois de novembre ni les obsèques d’un proche pour penser à la mort. Il pourra se familiariser avec notre sœur « la mort » pour reprendre l’expression de St François d’Assise en priant régulièrement pour ceux et celles qui l’ont précédé, en demandant quotidiennement pour lui-même la grâce d’une bonne mort et enfin en rédigeant sereinement son testament. Il pourra même à chaque instant modérer ses ardeurs, ses passions et ses appétits mondains en se répétant la phrase que devait souffler, dans l’Antiquité à Rome, un esclave au général victorieux lors de la parade triomphale : « Memento mori » « souviens-toi que tu vas mourir ».
A jeudi prochain, si Dieu le veut !
Père Eric Oloudé OKPEITCHA
Diocèse de Porto-Novo