Chronique 18 : Mon protocole de fin d’année

Bien-aimés dans le Seigneur,
paix et joie à vous de la part de Jésus Christ
notre Unique Sauveur 
!

 

Même s’il est en route vers l’éternité, l’homme est inscrit dans le temps dont la marche est rythmée par les cycles et les saisons qui l’arrachent à la monotonie de la linéarité. Le passage d’une année à une autre demeure toujours une période sensible où d’étranges théories circulent semant une certaine psychose dans la population. Ce terreau psycho-dramatique affecte d’un coefficient de gravité les événements malheureux comme les catastrophes, les accidents et autres malheurs qui n’auraient pas la même résonnance s’ils survenaient à un autre moment de l’année.

Prenant en compte cette réalité sociale, la culture africaine prévoit une ritualité de fin d’année s’étalant plusieurs jours.[1] A quelques exceptions près, on distingue dans ces ritualités de passage à un nouvelle année la vocalisation des offenses et frustrations accumulées, le rejet du passif et du négatif de l’année qui s’achève à travers le rite consistant par exemple à tourner un caillou un certain nombre de fois autour de la tête avant de le projeter dans un cours d’eau, la lustration, les libations et sacrifices, les prières pour la nouvelle année et les réjouissances populaires.

Comment le chrétien africain peut-il vivre dans la foi ce moment délicat de sa vie ? A mon humble avis, il lui faut d’abord ne pas céder à la panique générale en renouvelant sa confiance au Christ, le même hier, aujourd’hui et éternellement (He 13, 8), l’Alpha et l’Oméga (Ap 21,6-7), Maître du temps et de l’histoire. Pour ce faire, je voudrais proposer à tout chrétien ce protocole en cinq étapes :

  • Se payer le luxe d’une journée de recueillement ou de silence pour faire le bilan de l’année qui finit. A-t-on progressé ou reculé sur les plans matériels, spirituels et relationnels ? Quelles sont les joies et les angoisses qui ont émaillé l’année qui s’achève ? cet exercice de rétrospection doit sans se faire dans un esprit d’action de grâce en se rappelant les paroles de l’apôtre Paul « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8, 28).
  • S’ouvrir à la réconciliation avec Dieu, avec le prochain et avec soi-même à travers le jeûne, le chemin de croix, la récitation des psaumes de pénitence, l’adoration du Très Saint-Sacrement et la réception fructueuse du sacrement de la réconciliation. Cette étape est celle de la contemplation de la miséricorde de Dieu qui est plus grand que notre cœur (1 Jn 3, 20) et qui nous pousse à faire miséricorde. « Soyez miséricordieux comme votre Père Céleste miséricordieux » (Lc 6, 36)
  • Demander des messes d’action de grâce pour les dons reçus de Dieu tout au long de l’année qui s’achève. En effet, dans la célébration eucharistique se perpétue pour toutes les générations le saint sacrifice de Jésus sur la croix. C’est désormais l’unique sacrifice valable pour le chrétien.
  • A quelques pas de l’entrée dans la nouvelle année, faire une nuit d’adoration seul, en famille ou en petit groupe de prière pour confier tous les projets de la nouvelle année au Seigneur. Evidemment, sans lui, nous ne pouvons rien faire. (cf. Jn 15, 5). Le Christ lui-même nous a montré le chemin en faisant précéder les grands événements de sa vie d’une nuit de prière sur la montagne. (cf. Lc 6, 12)
  • Accueillir la nouvelle année avec joie même si nous avons par expérience que tout ne sera pas joyeux. Il ne sert à rien d’anticiper les difficultés en se montrant indifférent ou en refusant de se réjouir. St Paul l’affirme avec insistance : « Soyez toujours dans la joie, je vous le répète, soyez dans la joie » (Phil 4, 4)

[1] Paulme Denise. Un rituel de fin d’année chez les Nzema de Grand-Bassam. In: Cahiers d’études africaines, vol. 10, n°38,

  1. pp. 189-202; doi : https://doi.org/10.3406/cea.1970.2836 https://www.persee.fr/doc/cea_0008-0055_1970_num_10_38_2836


A jeudi prochain, si Dieu le veut !

 

Père Eric Oloudé OKPEITCHA

Diocèse de Porto-Novo