Chronique 20 : L’ultime témoignage de foi de Benoit XVI

Bien-aimés dans le Seigneur,
paix et joie à vous de la part de Jésus Christ
notre Unique Sauveur 
!

 

Le Samedi 31 décembre 2022, alors que l’année 2022 égrenait ses dernières heures, le pape émérite Benoît XVI s’est pieusement endormi dans la paix de son Seigneur qu’il a aimé et servi durant toute sa vie. Rien d’étonnant si ses derniers mots furent « Jésus, je t’aime ! » C’est un géant de la science, un colosse de la foi et de la vie spirituelle qui meurt à la vie d’ici-bas pour renaître à la vie d’en haut. En ce jour où ses obsèques sont célébrées à Rome, je voudrais m’incliner profondément devant sa mémoire et lui rendre hommage en faisant une brève relecture de son testament spirituel dans les limites de quelques implications pour nous.

D’entrée de jeu, il faut préciser que la rédaction dudit testament remonte au 29 août 2006 après un peu plus d’un an de pontificat. Comme toute personne parvenue au grand âge, il jette un regard rétrospectif sur ce que furent ces années de vie et découvre de profondes raisons d’action de grâce à Dieu, source et origine de toute vie qui lui a manifesté sa constante présence même aux heures sombres. « Si, à cette heure tardive de ma vie, je jette un regard sur les décennies que j’ai parcourues, je vois d’abord combien de raisons j’ai de rendre grâce. Tout d’abord, je remercie Dieu lui-même, le donateur de tout bon cadeau, qui m’a donné la vie et m’a guidé à travers divers moments de confusion, me relevant toujours quand je commençais à glisser et me redonnant toujours la lumière de son visage. »  Il peut désormais estimer que même les difficultés de parcours et même les épreuves ont concouru à son salut. C’est un regard de foi qui permet ses considérations au lieu de sombrer dans le remords habituel ou la dépression qui naît de la fixation sur les points sombres. C’est une invitation à toujours poser un regard de foi sur notre vie en toutes circonstances. Savoir distinguer la main agissante de Dieu même au cœur des épreuves relève de l’ordre de la grâce pour le chrétien.

L’action de grâce à Dieu est étendue aux parents, principaux instruments de la Providence dans sa vie. Le Pape émérite Benoît XVI souligne volontiers « la foi lucide » de son père et la « profonde dévotion et la grande bonté » de sa mère sans oublier le soutien et l’affectionindéfectibles de son frère et de sa sœur. Voilà ce qu’un chrétien est en droit d’attendre de sa famille : l’acquisition des vertus, l’expérience de l’affection et du soutien permanents. Nos familles pourraient se mirer dans ce miroir pour découvrir le chemin à parcourir afin de devenir de véritables écoles de vertus et des creusets de croissance humaine. Le Pape Benoît XVI remercie aussi Dieu pour les personnes qu’il a côtoyées à titre divers tout au long de sa vie.

C’est après cela qu’il a lâché un grand cri en faveur de la sauvegarde de la foi au Dieu qui s’est révélé en Jésus Christ. A ses compatriotes, il affirme sans ambages : « ne vous laissez pas détourner de la foi » et à l’endroit de tous « restez fermes dans la foi ! Ne vous laissez pas troubler ! » (…) Jésus-Christ est vraiment le chemin, la vérité et la vie – et l’Église, avec toutes ses insuffisances, est vraiment son corps. » Benoit XVI est témoin des assauts violents des doctrines successives contre la foi et l’église en même temps que de leur effondrement au long des années. Le « Restez fermes dans la foi » doit aussi résonner dans le cœur des chrétiens africains sur qui il a toujours porté un regard d’espérance et de foi. La « Nouvelle patrie du Christ » selon l’expression du pape Paul VI est appelée à jouer un rôle missionnaire pour l’humanité selon Benoît XVI : « L’Afrique est dépositaire d’un trésor inestimable pour le monde entier : son profond sens de Dieu… L’Afrique représente un immense “poumon” spirituel pour une humanité qui semble traverser une crise de foi et d’espérance. Mais ce “poumon” lui-même peut tomber malade, et il est actuellement en proie à deux dangereuses pathologies au moins : tout d’abord, une maladie déjà répandue dans le monde occidental, à savoir le matérialisme pratique, auquel s’ajoute la pensée relativiste et nihiliste », disait-il dans son homélie lors de la messe d’ouverture de la Deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des évêques, le 4 octobre 2009. De nos jours, dans les Eglises d’Afrique, l’enracinement de la foi constitue un défi important face aux vagues impétueuses des doctrines ésotériques et du syncrétisme. C’est pour cela que l’exhortation du Pape émérite Benoît XVI « restez fermes dans la foi ! Ne vous laissez pas troubler ! » (…) « Jésus-Christ est vraiment le chemin, la vérité et la vie – et l’Église, avec toutes ses insuffisances, est vraiment son corps » doit à nouveaux frais, résonner dans nos cœurs.

Enfin, en toute humilité, le Pape Benoît XVI reconnaît les blessures qui peuvent marquer les relations fraternelles. Et c’est pour cela qu’il demande simplement pardon à tous ceux à qu’il aurait créé des torts avant de se recommander à la prière de ses frères et sœurs dans la foi pour que la miséricorde de Dieu lui donne de goûter aux délices du ciel.

 

Donne-lui Seigneur le repos éternel

 

 

Père Eric Oloudé OKPEITCHA

Diocèse de Porto-Novo