Chronique 25 : Prendre de la braise dans sa main pour la jeter à autrui

Bien-aimés dans le Seigneur,
paix et joie à vous de la part de Jésus Christ
notre Unique Sauveur 
!

Les anciens avaient l’habitude de l’appeler à raison « courte folie ». En effet, elle réussit facilement à détrôner la raison pour réveiller la partie animale qui sommeille toujours en l’homme ; elle se joue indifféremment des petits comme des grands, des hommes comme des femmes. Qui pourrait se vanter de n’avoir jamais été sa victime ? On la sent monter en soi comme le bouillonnement d’un volcan avec la violence d’un ouragan. Si une pression proportionnelle ne vient la contrer pour la contenir, c’est bientôt l’explosion à l’externe. La colère, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est dans l’enseignement de l’Eglise catholique un péché capital en tant que mère et nourricière de plusieurs autres péchés.

La Bible n’hésite pas à nous présenter des personnages sous l’emprise de la colère.  En voyant le peuple d’Israël adorer le veau d’or, le « doux » Moïse laissa éclater sa colère. Le roi David entra dans une grande colère en écoutant le récit imagé et allusif de Natan sur l’homme riche qui eut le vilain plaisir d’arracher et d’égorger l’unique brebis du pauvre qui vivait à côté de lui. Les prophètes Amos, Michée, Isaïe et bien d’autres annonçaient l’avènement du jour de Dieu en terme de jour de la colère qui fondra sur les méchants. Le Christ lui-même fit un fouet pour expulser les marchands du temple en renversant au passage leur comptoir avant de prononcer un enseignement clair sur la colère. « Quiconque se met en colère contre son frère en répondra au tribunal » (Mt 5, 22)

Mais à y voir de près, la colère est une force neutre qui peut s’orienter dans la direction du péché comme celle de la vertu. Elle s’oriente clairement vers le péché quand elle échappe au contrôle de la raison et de la charité pour dégénérer en paroles et gestes violents capables de blesser, de détruire et de faire mal. Par contre, la colère n’est pas un péché quand elle a un objet juste, se déploie avec une intention bonne dans une proportion raisonnable. Ce type de colère s’insurge contre l’injustice, le faux et le mal ; il refuse d’être le complice et ne vise que le retour à l’ordre du beau, de la vérité et de la justice. C’est dans cette dynamique que s’inscrit Saint Jean Chrysostome quand il affirme : « Celui qui ne se met pas en colère quand il y a une cause pour le faire, commet un péché »

La colère juste respecte aisément la recommandation de saint Paul dans sa lettre aux Ephésiens : « Quand vous vous mettez en colère, ne péchez point. Que le Soleil ne se couche pas sur votre colère » (Ep 4, 26).

Un retour sur nous-même nous révèle que nous sommes plus enclins à la mauvaise colère qui nous détruit et nous ronge en premier tout comme la braise prise dans la main pour la jeter à autrui. La mauvaise colère met à mal et pourrit les relations interpersonnelles en famille, en société et même en Eglise. Rien de plus insupportable qu’un leader irascible, ayant les nerfs à fleur de peau ! La mauvaise colère génère la haine, sème la méfiance, provoque la violence et entretient un climat délétère et destructeur.

Eu égard à ses conséquences, il nous faut mener un combat sans merci contre la colère avec les armes suivantes :

  • Examiner à fond les déclencheurs de la colère en nous (frustrations, blessures intérieures, stress, paroles, personnes, faits et gestes) pour leur ôter ce pouvoir sur nous ;
  • Prendre conscience de notre petitesse physique, morale et spirituelle pour nous rendre moins sensibles aux agressions, frustrations et contrariétés extérieures.
  • Prier et jeûner pour demander à Dieu de nous aider à vaincre en nous la mauvaise colère.

Ainsi, nous pourrions nous appliquer ces paroles du Christ : « heureux les doux, ils obtiendront la terre promise » (Mt 5, 5)

A jeudi prochain si Dieu le veut !

 

Père Eric Oloudé OKPEITCHA

Diocèse de Porto-Novo