Chronique 32 : Respirer mieux en ce temps de Carême

Bien-aimés dans le Seigneur,
paix et joie à vous de la part de Jésus-Christ
notre Unique Sauveur 
!

 

Respirer mieux en ce temps de Carême

Un homme peut-il survivre à la décision : « aujourd’hui, je n’ai pas le temps ; je ne respire pas ? » Certes non ! En ne respirant pas, il hypothèque tout simplement l’accomplissement des autres tâches de vie et de survie. Il en est de même pour la prière dans la vie du chrétien. Benoît XVI, au cours de l’audience générale du 25 avril 2012, définissait la prière comme : « la respiration de l’âme » avant d’ajouter ce qui suit : « Trop d’occupations et une vie frénétique finissent souvent par endurcir le cœur». A y voir de près, toutes les crises de la vie de foi sont aussi et avant tout des crises de la prière. Dis-moi comment tu pries et je te dirai quel type de chrétien tu es !

En effet, comment vaincre les tentations qui affluent à chaque étape de la vie ? Comment affronter les épreuves qui surviennent ? Comment vivre sa vocation à la vie consacrée ou au mariage conformément à la volonté de Dieu sans la prière ? La prière est tout simplement vitale pour le chrétien. C’est d’ailleurs pour cela, qu’à la suite du Pape François qui invite toute l’Eglise à faire de cette année 2024, une année dédiée à la prière en vue du Jubilé de l’an 2025, les Evêques du Bénin ont choisi de centrer leur Message de carême sur la prière. Le titre dudit Message « Faire de nouveaux progrès dans la vie de prière » révèle clairement la préoccupation de la Conférence Episcopale du Bénin. Il s’agit de mieux respirer pour le bien-être de tout l’organisme. Il s’agit de mieux prier, de progresser dans la vie de prière. Et c’est pour cela, que les Evêques du Bénin ont commencé par souligner les efforts qui se font : « L’observation faite de la vie de prière des fidèles dans les diocèses et sur les paroisses, nous invite à l’action de grâce mais suscite aussi des inquiétudes. Avec vous, nous voudrions rendre grâce pour l’engouement et l’affection particulière qui se développent au bénéfice de la prière. Nous n’en voulons pour preuves que la récurrence des demandes de messes, la grande diversité des mouvements et groupes de prière, la fréquentation des sanctuaires et lieux de pèlerinage nationaux et diocésains. » Après cela, ils n’ont pas hésité à relever les ombres non moins épaisses qui sont, en réalité, des défis pastoraux :

  • Le manque de recueillement dû à la culture du bruit en pleine expansion
  • L’hyperactivité et le stress permanent qui rongent et réduisent considérablement le temps consacré à la prière
  • La frustration créée par le non-exaucement immédiat de la prière

En ce temps de carême, ces trois défis ne pourront être relevés que si le chrétien accepte d’aller au désert, comme nous y invite le Pape François tout au long de carême. Lieu et instant d’une triple présence à Dieu, au prochain et à soi, le désert offrira au chrétien la redécouverte du silence intérieur et extérieur, la capacité d’imposer un coup d’arrêt à l’engrenage infernal de l’hyperactivité et enfin l’abandon à la volonté de Dieu. Dans ces conditions, la prière devient un cri filial, apaisant, confiant et persévérant qui monte sans cesse de notre cœur et féconde notre être et notre agir.

A ces frères qui lui posaient cette question : « Parmi toutes les bonnes actions, quelle est celle qui demande le plus d’efforts ? » Saint Agathon, ermite au désert de Scété en Egypte, répondit sans ambages : « Excusez-moi, mais je crois que c’est la prière. Oui, chaque fois que tu veux prier, tes ennemis veulent t’empêcher de le faire. »


A jeudi prochain, si Dieu le veut !

 

Père Eric Oloudé OKPEITCHA

Diocèse de Porto-Novo