Chronique 33 : Le poison de l’envie

Bien-aimés dans le Seigneur,
paix et joie à vous de la part de Jésus-Christ
notre Unique Sauveur 
!

 

 Le poison de l’envie

Nul n’est hors de sa portée. L’envie peut atteindre et ronger les moins fortunés tout comme ceux qui sont parvenus au sommet de la richesse, du pouvoir ou de la gloire. Tout comme la poussière en saison sèche, l’envie s’infiltre partout. A ce propos, le philosophe anglais Bertrand Russell écrivait ce qui suit : « Napoléon Bonaparte enviait César, César enviait Alexandre le Grand et Alexandre enviait Hercule qui n’a jamais existé »[1] Aux yeux des hommes, Napoléon, César et Alexandre le Grand avaient tout pour être enviés et pourtant ils étaient aussi rongés par l’envie. Mais comment définir l’envie ?

Retenons cette définition du docteur angélique, saint Thomas d’Aquin :         « L’envie consiste à s’attrister du bien du prochain, comme s’il diminuait le nôtre, et qu’il nous fit du mal ». Par l’effet de l’envie, le bonheur, le succès ou la promotion de l’autre se transforment en un poison qui attriste et ronge notre esprit. Saint Grégoire le Grand précisera les cinq filles auxquelles l’envie donne généralement naissance quand elle prend possession d’un esprit ; il s’agit de la haine, du murmure malveillant, du dénigrement, de la satisfaction de voir l’infortune d’autrui et la déception de le voir prospérer.

La Bible présente quelques personnages minés par l’envie. En tête de liste, nous avons Caïn, le fils aîné d’Adam et Eve. Le Seigneur agréa Abel et son offrande. Caïn fut attristé et irrité. On connait la suite, il attira son petit frère dans un piège et le tua. Les frères de Joseph, envieux des relations particulières qui l’unissaient à leur père et de ses songes ont fini par vendre leur frère comme esclave à une caravane de marchands. Qorah, Dathân et Abiram envièrent Moïse et Aaron. Poussés aux péchés, tous ces envieux ont connu un triste sort. Mais alors que faire ?

Première démarche, il convient de prendre conscience des « bonheurs d’autrui » qui empoisonnent notre vie à cause de l’envie.

Deuxième démarche, mesurer l’amertume que ces « bonheurs d’autrui charrient dans notre vie ; l’auto-dépréciation et la haine ouverte ou subtile qui sortent de notre cœur du fait de l’envie.

Troisième démarche, revêtir l’humilité du Christ pour estimer les autres supérieurs à vous (cf. Ph 2,3). En effet, l’envieux est fondamentalement un être orgueilleux. A lui sont normalement dus tout pouvoir, tout honneur, toute estime et toute gloire ! Tous les autres n’en sont que des usurpateurs. Or, un petit détour réflexif sur la vanité de tout ce qui fait monter la fièvre de notre envie nous redonnerait la sérénité.

Enfin, quatrième démarche, prier et jeûner car l’envie est un péché capital, une œuvre de la chair. Prier et jeûner pour que le Seigneur la déracine de notre cœur afin y planter son amour. Alors, notre regard sera pur et pourra voir, dans les autres, un motif d’action de grâce et de louange.

A jeudi prochain si Dieu le veut !

[1]  Bertrand RUSSELL, La conquête du bonheur, trad. N. Robinot, Paris, Payot & Rivages, Petite Bibliothèque Payot, 2001, p. 82.

 


A jeudi prochain, si Dieu le veut !

 

Père Eric Oloudé OKPEITCHA

Diocèse de Porto-Novo