Chronique 34 : La spiritualité de l’adversité

 

Bien-aimés dans le Seigneur,
paix et joie à vous de la part de Jésus-Christ
notre Unique Sauveur 
!

Qu’ils soient latents ou patents, d’idées, d’intérêts, de personnes ou de positions, les conflits se sont toujours invités au menu des relations humaines. Parfois facteurs de progrès, ils dégénèrent souvent en adversité, en hostilité, voire en animosité. Adopter, en 7 points essentiels, la spiritualité de l’adversité, c’est dire un non ferme au scandale courant qui consiste à se déclarer chrétien et à vivre ses conflits ou ses adversités en païen.

On nourrit tous, d’une manière ou d’une autre, le rêve d’une vie sereine qui s’écoule paisiblement à l’instar d’un fleuve tranquille. Mais la réalité est tout autre. Les vagues et les tempêtes sont là pour dissiper le rêve et nous convoquer au tribunal de la réalité. Au nombre des tempêtes qui affectent la vie de l’homme se trouvent les conflits. Qu’ils soient latents ou patents, d’idées, d’intérêts, de personnes ou de positions, les conflits se sont toujours invités au menu des relations humaines. À certains égards, ils peuvent même servir de catalyseur dans la dynamique et l’évolution des personnes et des groupes. Mais dans la plupart des cas, ils dégénèrent en adversité, en hostilité, voire en animosité.

La parole de Dieu nous renseigne que le Fils de Dieu lui-même n’a pas échappé aux conflits et à l’adversité durant son séjour terrestre. Déjà à sa naissance, il a suscité l’adversité du roi Hérode qui a organisé un infanticide systématique auquel il a échappé grâce à la vigilance de son père adoptif Joseph. Son ministère public ne fut pas paisible. Les leaders politiques et les courants religieux de son temps et de sa communauté ne lui ont pas laissé de répit : controverses publiques, questions pièges et complots divers rythmeront son quotidien pour culminer dans son arrestation, son procès et sa crucifixion entre deux malfaiteurs en présence d’une foule haineuse qui le tournait en dérision. Voilà le sort du divin Maître qui a développé ses harmoniques dans la vie de ses disciples. Ces derniers avaient été bien avertis. « S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jn 15, 21a)

Toutefois, les situations d’adversité ou de conflit ne sont pas sans risques pour la vie spirituelle du chrétien qui peut facilement succomber aux diverses tentations afférentes. Le philosophe Nietzsche écrivait à ce propos : « Quand on lutte contre des monstres, il faut prendre garde de ne pas devenir monstre soi-même. Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi »[1]. En clair, que doit faire le chrétien en situation de conflit ou d’adversité pour éviter d’entrer dans la dynamique du mal en maintenant le cap de l’amour du prochain et du Christ ? Nous retenons essentiellement sept points :

1- Discerner la source du conflit ou de l’adversité et surtout sa propre part de responsabilité pour s’amender ;

2Éviter l’amertume, les jérémiades et les plaintes répétées à longueur de journée à tout venant. Elles n’apportent rien et tout au plus, nous cassent les bras et nous paralysent ;

3-Garder la sérénité et la joie du Seigneur (cf. Phil 4, 4). La joie du Seigneur est notre rempart (Ne 8, 10) et nous procure le courage et l’audace pour affronter les situations difficiles ;

4- Lever les yeux vers le Christ en croix en surplombant ceux ou celles qui nous font souffrir. C’est ce que fit Etienne, le premier martyr chrétien. Il leva les yeux au-dessus de la foule furieuse qui le lapidait pour voir le Christ ressuscité assis à la droite du Père. C’est là qu’il trouva la force de pardonner à ses bourreaux (cf. Ac 7, 60) et de vaincre ainsi le mal par le bien (cf. Rm 12, 21) ;

5- Redoubler de prière pour discerner la voix du Seigneur, pour ne pas succomber à la tentation de la vengeance ou de la rancune et pour la conversion de nos adversaires ou bourreaux. « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent. » (Mt 5, 44b)

6- Persévérer dans la recherche de la paix. « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. (Mt 5, 9) Cela peut prendre du temps, mais la paix finira par triompher. Car sur la croix, le Christ a déjà obtenu, pour nous, la victoire définitive sur le mal et la mort.

7Considérer la situation de conflit ou d’adversité que l’on traverse comme un haut lieu et un précieux moment de témoignage de sa foi chrétienne qu’il convient de soigner !

En définitive, adopter la spiritualité de l’adversité, c’est dire un non ferme au scandale courant qui consiste à se déclarer chrétien et à vivre ses conflits ou ses adversités en païen.

À jeudi prochain si Dieu le veut !

 

Père Eric Oloudé OKPEITCHA

Diocèse de Porto-Novo

 

[1]Voir sur https://citations.ouest-france.fr/citation-friedrich-nietzsche/quand-lutte-contre-monstres-faut-47978.html