Chronique 41 : L’argent ! L’argent ! L’argent !

Bien-aimés dans le Seigneur,
paix et joie à vous de la part de Jésus-Christ
notre Unique Sauveur 
!

Il fait courir l’homme comme la femme, les jeunes comme les vieux, les pauvres comme les riches…
L’argent peut être un maître ou un serviteur. Il peut être propre ou sale. Découvrez les cinq recommandations faites au chrétien face à l’argent.

 

Il fait courir l’homme comme la femme, les jeunes comme les vieux, les pauvres comme les riches, les puissants comme les hommes ordinaires. S’il peut provoquer la joie, contribuer à la paix, ennoblir une vie, donner ou redonner le sourire, il peut aussi générer la tristesse, allumer une guerre, ruiner une vie entière ou provoquer des torrents de larmes. Il peut servir à faire le bien comme il peut être la racine de tant de maux. L’argent ! L’argent ! L’argent ! Le premier écueil à éviter en abordant la question de l’argent est de croire qu’il est a priori mauvais. Le Dieu chrétien ne fait nullement l’apologie de la pauvreté ou de la misère contrairement aux idées fort répandues par certains courants idéologiques.

En effet, dans les Saintes Ecritures, plusieurs amis de Dieu étaient riches et comblés de grands biens. Leurs richesses n’ont jamais été un frein ni un obstacle à leur amitié avec Dieu. Parmi ces riches amis de Dieu, on pourrait citer Abraham, Isaac, le roi David, son fils Salomon (1R 3) sans oublier Job, riche et célèbre homme de l’Orient. L’homme riche peut donc plaire à Dieu. Et d’ailleurs, Dieu n’a pas promis à Israël une terre désertique où poussent les épines et les chardons mais un pays où ruissellent le lait et le miel, une terre d’abondance. (Cf. Ex 3, 8) C’est donc le positionnement de l’argent dans la vie d’un homme qui pose problème. Le Christ le synthétise en une formule célèbre : « vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent » (Lc 16, 13) et à Saint Paul de renchérir : « l’amour de l’argent est la racine de tous les maux. » (1Tim 6, 10). L’amour de l’argent revient à en faire une idole qui prend la place de Dieu et rend l’homme esclave à travers deux attitudes mentales essentielles : la profonde amertume quand vient à manquer l’argent et la capacité d’enfreindre toutes les normes sociales, éthiques et religieuses pour gagner de l’argent.

La Bible illustre les conséquences désastreuses de l’amour de l’argent à travers le destin tragique de deux personnages : Guéhazi, assistant du prophète Elisée (2R 5, 19-27) et Judas Iscariote, l’un des Douze. Ce dernier livra son Maître à ses adversaires pour trente (30) pièces d’argent (Mt 26, 15). N’acceptant pas que son Maître ait refusé les présents du général syrien Naaman qu’il venait de guérir de la lèpre, le premier alla rattraper le miraculé sur le chemin pour lui prendre, à coup de mensonges, un lingot d’argent et deux vêtements de fête. Elisée confondit de mensonge et de vol son assistant avant de lâcher la sentence : « Est-ce le moment de prendre de l’argent, de prendre des vêtements, des oliviers et des vignes, du petit et du gros bétail, des serviteurs et des servantes, alors que la lèpre de Naaman va s’attacher à toi et à ta descendance pour toujours ? Et Guéhazi se retira, lépreux, couleur de neige. » (2R 5, 26-27).

L’amour de l’argent a entraîné la déchéance de ces deux personnages promis normalement à un noble destin spirituel. Guéhazi, l’assistant d’Elisée, était probablement destiné à prendre sa succession. Judas Iscariote était un apôtre du Christ mais il a été finalement remplacé dans le groupe des Douze. Les deux personnages ont connu une fin tragique. La lèpre pour Guéhazi et le suicide pour Judas Iscariote. Aucun des deux hommes n’a en réalité profité du gain malhonnêtement obtenu. A quoi serviraient le lingot d’argent et des vêtements de fête pour un lépreux, un être socialement et spirituellement banni au temps de Jésus ? Quant à Judas, il  alla jeter l’argent perçu dans le temple avant de se donner la mort.

Par conséquent, l’argent sale, c’est-à-dire l’argent issu de la corruption, du vol, du mensonge, de la trahison, du meurtre, de la prostitution, de l’idolâtrie ou de l’apostasie, l’argent non béni par Dieu parce qu’obtenu par des voies contraires à sa volonté – ne peut que conduire à une fin tragique : solitude, dépression, malheurs, remords ou même suicide. En réalité, l’argent sale ne profite ni à son propriétaire ni à sa descendance. Il est souvent à la base de malheurs inexpliqués qui surviennent par la suite, dans la lignée. Même dépensé dans le temple ou pour le temple, l’argent sale ne deviendra pas propre. Au Seigneur, il faut offrir un animal (agneau, taureau ou autres) sans défaut. L’argent sale ne saurait devenir une offrande d’agréable odeur devant Dieu qui sait tout, lui qui sonde les cœurs et les reins. Que doit faire le chrétien face à l’argent ?

  • S’appliquer à gagner de l’argent à la sueur de son front (Gn 3, 19), c’est-à-dire de manière honnête et par des voies conformes à la volonté de Dieu. Ceci revient à éviter soigneusement que l’argent sale ne se glisse dans votre patrimoine pour le souiller et le pourrir.
  • Ne pas perdre de vue que l’argent n’a de pertinence que pour cette terre : « Sorti nu du sein de sa mère, il s’en ira comme il est venu. Il n’emportera rien de son travail, rien que sa main puisse tenir. C’est aussi une triste chose qu’il s’en aille comme il était venu. Qu’a-t-il gagné en peinant pour du vent ? » (Eccl 5, 14-15). Nos richesses et nos comptes en banques ne nous suivront pas dans l’au-delà. Ils feront tout au plus des héritiers heureux ou prodigues.
  • Ne jamais oublier que le salut de notre âme dépasse tous les biens de la terre destinés à finir ou à être détruits tôt ou tard. « A quoi sert-il à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme ? » (Mc 8, 36)
  • Utiliser l’argent propre gagné pour satisfaire ses besoins, travailler à l’avancement du Règne de Dieu et enfin accomplir les œuvres de miséricorde corporelles (donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers et ensevelir les morts.) et les œuvres de miséricorde spirituelles (conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts.)
  • Faire confiance à la Providence divine pour pouvoir emprunter la voie du désintéressement qui consiste à éviter les préoccupations morbides au sujet de l’argent et à se contenter de ce que l’on a, sans esprit de comparaison ni compétition malsaine, mettant la communion avec Dieu au-dessus de tout. (Cf. Rm 8, 28)

En définitive, en lieu et place de l’amour de l’argent, le chrétien est appelé à utiliser l’argent comme un instrument pour aimer Dieu et le prochain afin de se constituer un trésor dans les cieux.


A jeudi prochain, si Dieu le veut !

Père Eric Oloudé OKPEITCHA

Diocèse de Porto-Novo

 


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