TEL PERE, TELLE FAMILLE

TEL PERE, TELLE FAMILLE

Préface du Professeur Henri JOYEUX à l’opuscule à paraître de Mgr Pascal N’KOUE  « Tel père, telle famille ». Les devises Liberté-Egalité-Fraternité (France) et Fraternité-Justice-Travail (Bénin), selon le Professeur, ne sont pas suffisantes pour former le citoyen aujourd’hui. Il faut ajouter la « paternité responsable ».

  C’est avec joie que je préface cet excellent opuscule d’une grande actualité, à la demande de Monseigneur Pascal N’KOUE, Archevêque de Parakou. Je le recommande vivement à tous les pères de famille présents et à venir sur votre beau Continent et largement au delà.

Vous ne m’en voudrez pas d’abord de porter mon regard sur l’évolution de notre humanité en partant de mes propres racines, celles de mon pays, la France. Je ne suis qu’un père de famille qui a eu l’expérience de 6 enfants et deux de plus dont mon épouse et moi-même nous sommes occupés, de l’adolescence à l’âge adulte. Nous voilà désormais avec mon épouse Christine, grands-parents de 18 petits enfants, très attentifs au monde dans lequel ils vivent, essayant de réfléchir à l’avenir.

Liberté-Egalité-Fraternité, cette devise Républicaine n’est plus suffisante ! 

Elle devait structurer les relations individuelles, mais manifestement elle ne structure pas une société devenue violente, où la boussole s’est affolée. Nous le vérifions dans notre beau pays la France qui ne va pas si bien et dans bien d’autres qui cherchent à nous imiter sur notre petite planète. Notre devise s’étiole, nous devons tenter de savoir pourquoi. 

Dix jours à dialoguer en vérité dans votre pays, avec plus de 200 jeunes Béninois de 20 à 35 ans et avec leurs maîtres, recteurs, professeurs, éducateurs ne donnent évidemment pas une idée globale, définitive et certaine sur un pays. Ils sont ces jeunes l’avenir du pays. Les très nombreuses questions qui nous ont été posées pendant 5 jours, 4 heures par jour, de manière totalement libre et anonyme, les rencontres aux repas et en tête à tête, nous ont permis de comprendre et discerner les soucis et les énormes potentialités de tous ces jeunes de votre beau pays qu’est le Bénin.  

Ces jeunes hommes se sont engagés librement dans des centres de formation adéquats, des séminaires, destinés à se former sur le long temps, pour prendre des responsabilités éducatives très larges à tous les niveaux de l’Etre : physique, psychique, affectif et même spirituel. Cela impose une large vision humaine, tant de ses propres capacités et ressources, que de celles de son propre pays, de ses institutions. Sans oublier sa culture ancestrale (HISTOIRE DE MON PAYS-LE BÉNIN de Jean Pliya-Ed La Croix du Bénin 2014), son histoire souvent douloureuse et les acquis de la modernité. 

Les rêves de nombreux Béninois, et n’est-ce pas aussi vrai de beaucoup de jeunes africains des 54 pays d’Afrique, sont chez nous en Europe. Le miroir que nous leur envoyons est, soyons honnêtes, un miroir aux alouettes où dominent certes des formations attractives de haut niveau avec l’IA, l’Intelligence Artificielle qui résoudrait tout (???) et en même temps une atmosphère délétère, déprimée, une tendance collapsologue, donc suicidaire, euthanasique et même eugénique

En Europe, les cabinets des spécialistes de la psychologie sont pleins à ras bord, les défenses immunitaires individuelles et collectives engendrent de nombreux cas de cancers ; les maladies de civilisation se multiplient et inquiètent fort la population. L’Europe vieillit et déprime. Il manque chez nous la jeunesse, le dynamisme, la joie et la foi dans l’avenir. Nous les avons trouvés au Bénin, sous le soleil, la chaleur et la pluie, dans la pauvreté assumée, une immense générosité, une fantastique ingéniosité et créativité au contact du réel. 

Au Bénin la parole est libre, les différentes communautés spirituelles travaillent et avancent en bonne entente. On peut dire sans insulter quiconque et sans jalousie mal placée : j’aime les pauvres qui deviennent riches, quand chez nous le fossé se creuse entre les riches et les pauvres. 

En Europe, en France surtout, nous nous battons avec des mots qui suivent notre devise si maltraitée. Ainsi dominent les vrais maux : discrimination, minorités, majorités, oppositions, communautarismes, chômage, grèves corporatives et généralisées à répétition, théorie du genre, phobies et sigles de toute sorte qui s’opposent les uns aux autres. Alors que tout pourrait se résumer au respect des différences et à leurs magnifiques complémentarités à la joie d’apprendre de l’autre, au bonheur de partager. 

En réalité nous ne savons plus très bien qui nous sommes et on nous fait croire que c’est l’avenir. 

L’enfant pour être le premier servi, doit être aidé à grandir dans toutes ses dimensions 

Avec toutes les potentialités de la nature humaine et de la science, un enfant reste le fruit du désir de parents, quels que soient les moyens et les hasards pour le procréer et le faire naître. Simples ou doubles, paternité et maternité restent des évidences pour les enfants. C’est eux qui sont l’avenir d’un pays. S’ils ont certainement besoin d’amour, ils ont aussi besoin de racines et de solides tuteurs.

Au Bénin l’enfant deviendrait-il roi ingouvernable comme en France ? On ne pourrait alors rien lui interdire ? Funeste erreur que nous payons très cher. Je ne peux donc vous conseiller chers parents Béninois et plus largement de toute l’Afrique de suivre les nombreux exemples européens. Connaissez-les, identifie-les, pour ne pas les suivre.

Les relations parents-enfants ont abouti à tellement de démissions parentales, quelles ont surtout désorienté les jeunes, leur faisant perdre des repères essentiels à toute leur vie. Evidemment on vous dira qu’il y a la résilience et que l’enfant est fait pour s’adapter. C’est loin d’être toujours vrai, quand nous observons les innombrables difficultés des jeunes dans les écoles et les universités. Il ne s’agit pas de ré-intégrer les repères d’autrefois, il s’agit de moderniser ceux qui ont fait leur preuves, ceux que les anciens que nous sommes peuvent proposer aujourd’hui sans se faire taxer de ringards, conservateurs ou autre étiquette qui empêche de réfléchir et de dialoguer avec respect et intelligemment.

Si la maternité reste une évidence, la paternité responsable n’a pas pris encore sa juste place. 

La maternité devient un problème réel en Europe, à un point tel que nombre de femmes, du fait de leur décision tardive à procréer et des traitements hormonaux contraceptifs longuement consommés, sans trop savoir comment ils fonctionnent, doivent avoir recours à la Procréation Médicalement Assistée (PMA). Tandis que les hommes vivant entre eux réclament la grossesse pour autrui (GPA), avec une mère porteuse payée pour procréer.

La médecine est ainsi confrontée aux stérilités sociales après avoir traité les stérilités pathologiques féminines et même masculines plus ou moins associées. Et quand l’enfant tant désiré vient à naître, il reste à l’éduquer, à accompagner sa croissance physique, psychologique, affective et même spirituelle. 

Nous savons bien toutes les difficultés des familles monoparentales quelles soient économiques avec la précarité-pauvreté et même psycho-affectives. On fait désormais systématiquement appel au pédopsychiatre parce que l’enfant a des troubles de l’attention, n’écoute rien, est agité ou l’inverse, violent et désorganisé, déprimé et anxieux. Alors sont proposés des traitements médicaux qui ne règlent pas longtemps les problèmes. Difficile d’expliquer à ces mères inquiètes qui ne comprennent pas leur ado, que celui qui manque c’est d’abord un père, un vrai.

Les paternités nouvelles n’ont pas fini d’évoluer.

Les papas nounous ont remplacé les papas machos et ce n’est pas un mal. En France ils donnent le biberon, amènent les enfants à l’école, font la cuisine, repassent les vêtements. Tout cela est formidable. Mais il y a encore des progrès à faire. Lesquels ? Monseigneur Pascal N’KOUE les a parfaitement identifiés. Je vous conseille de les lire un crayon à la main, de les partager avec votre épouse, avec vos amis. Ils font partie de l’avenir de votre pays, de votre Continent.

Nous devons aider les pères à structurer leur paternité. Il ne s’agit pas d’être là seulement pour couper le cordon le jour de la naissance et verser quelques larmes de bonheur à l’idée d’être enfin père-papa. Sachez chers pères et futurs pères que c’est là que tout commence.

Ce livre de Monseigneur Pascal éclaire les chemins de paternité et il n’y a ni tapis rouge, ni escalier roulant. Ainsi chers pères vous deviendrez des phares sur les routes de vos enfants et vous vous adapterez aux besoins éducatifs de vos petits puis de vos grands. Pas de long fleuve tranquille, vous apprendrez à ramer, à surfer, à écouter, à observer, à pardonner et toujours avec délicatesse et amour.

Ce livre sera également fort utile à tous les pères spirituels des paroisses qui se développent dans tout le pays, dans les villes et les campagnes les plus reculées, dans la joie et le dynamisme. Les jeunes qui se préparent à la prêtrise et à la vie consacrée goûteront aussi les nombreux conseils de cet ouvrage béni pour toutes les familles qu’ils accompagneront. Je ne doute pas que la Paternité responsable se développe au Bénin et je souhaite qu’elle soit ajoutée dans la conscience et le cœur de tous aux trois valeurs de la belle devise du Bénin : Fraternité, Justice, Travail.

Prof. Henri JOYEUX