Bien-aimés dans le Seigneur,
Paix et Joie à vous de la part de notre Seigneur et unique Sauveur Jésus Christ !
Le Web 2.0 a démocratisé la production et la diffusion de l’information sous les formats de texte, d’audio et de vidéo. A partir d’un bon portable ou d’une tablette connectés, chacun peut générer et partager avec ses contacts situés dans les quatre coins du monde des contenus de son choix grâce aux multiples réseaux sociaux en pleine expansion.
Cette possibilité qu’offre l’internet aujourd’hui fait l’objet de plusieurs abus susceptibles de briser des vies humaines, de rompre l’harmonie des familles ou de détruire des sociétés entières. En effet, dès que survient un fait inhabituel (scandale, accident, mort d’une personnalité, information inédite), une douce hystérie qui provoque une démangeaison digitale s’empare des uns et des autres. Chacun se croit investi sous le coup, de la mission de relayer l’information. Tout porte à croire qu’une prime est réservée à qui enverrait le plus rapidement, le plus massivement et le plus loin possible l’information. La vedette est littéralement ravie aux médias traditionnels (radio, télévision et journaux) qui finiront par emprunter quelques jours ou quelques heures plus tard un sentier déjà battu et rebattu par les réseaux sociaux.
Quand cette attitude s’applique à des informations concernant l’Eglise ou des hommes d’église, le dépit est encore plus grand et le dégoût plus profond. En effet, le respect de l’autorité et de la hiérarchie, le silence, le secret et la maîtrise de la langue sont des valeurs constitutives de la vie de l’Eglise et de la vie en Eglise. Comment alors comprendre que des hommes et des femmes d’Eglise se livrent à cœur joie à la démangeaison digitale ?
Que ce soit lors du rappel à Dieu de son Excellence Mgr Paul Vieira à Rome ou bien de celui plus tragique de nos confrères Patrice Gbègnito de l’archidiocèse de Cotonou et Epiphane Sossounon du diocèse de Porto-Novo, l’opinion a été littéralement choquée par le relai instantané de l’information suivi de la publication des images. Certains proches parents des défunts ont reçu la nouvelle à travers des images à peine soutenables envoyées directement et sans précaution aucune sur leur portable.
A-t-on imaginé un instant les effets dévastateurs du point de vue physiologique et psychologique de la réception dans les conditions précitées d’une nouvelle aussi grave ? C’est ainsi que des drames se mêlent au drame initial à cause du phénomène de la démangeaison digitale. Et puisqu’il s’agit finalement d’une pathologie, il convient d’en rechercher le remède.
Le remède le plus simple réside dans l’application des trois tamis de Socrate philosophe grec du Vème siècle av. J.-C. Au temps de ce dernier, le média favori était la parole. Alors Socrate invitait ses interlocuteurs à passer à travers trois tamis les paroles qu’ils s’apprêtaient à dire : est-ce vrai ? est-ce bon ? et enfin est-ce utile ? En appliquant quotidiennement ces trois tamis à tout texte, à tout audio et à toute vidéo que l’on s’apprête à publier ou à relayer sur internet, on aurait résolument emprunté le chemin de la guérison de la démangeaison digitale.
Ai-je eu le temps d’établir la véracité par moi-même de ce que je m’apprête à publier ou à relayer ? Suis-je en mesure d’en authentifier la véracité par moi-même ?
Le contenu que je m’apprête à publier ou à relayer appartient-il au registre du Bien, du Beau et du Bon ?
Enfin, est-il utile à la croissance humaine et au bien-être de mes destinataires ?
Retenons que seuls les contenus ayant franchi les trois tamis devraient être normalement publiés ou relayés par des personnes responsables. En tout état de cause, le Code du Numérique en République du Bénin, en son article 550 ne laisse pas impuni « quiconque initie ou relaie une fausse information contre une personne par le biais des réseaux sociaux… ».
Fidèles et personnes consacrées, débarrassons-nous de la démangeaison digitale par l’application systématique des trois tamis de Socrate pour une communication plus respectueuse de la dignité et du développement intégral de personne humaine et de la communauté humaines.
A la semaine prochaine si Dieu le veut !
Ecouter cii-dessous
Par le Père Eric Oloudé OKPEITCHA,
Diocèse de Porto-Novo