Chronique 12 : Le Rosaire, une arme fatale contre le démon

Bien-aimés du Seigneur, Paix et Joie à vous

De la part de Jésus Christ, notre Sauveur

C’est une forme antique de prière qui a traversé le cours du temps pour parvenir jusqu’à nous. Si elle est aujourd’hui très prisée par les groupes de dévotion mariale, certains chrétiens la trouvent répétitive, mécanique, appauvrissante et pratiquement ennuyeuse. D’autres vont plus loin en estimant qu’elle n’est pas centrée si le Christ lui-même et pour cette raison, lui préfèrent la louange, l’adoration ou la méditation de la parole de Dieu. Si ces réserves au sujet de la prière du Rosaire paraissent fondées, elles sont, à mon avis, dénuées de toute profondeur réflexive.

Le Pape Pie IX (1878) affirmait au soir de sa vie que « le Rosaire est un résumé de l’évangile et une grande école de la méditation du mystère du Christ. » En effet, sous sa forme actuelle, le Rosaire embrasse vraiment et intégralement les mystères de la vie du Christ en quatre cycles que nous examinerons à tour de rôle.

Le premier cycle, celui des mystères joyeux, nous fait parcourir la joie qu’exhale l’événement inédit de l’Incarnation à partir de la parole de l’archange Gabriel « Réjouis-toi, Marie ! ». Cette même joie guidera les pas de Marie vers la maison de sa cousine Elisabeth, explosera à la naissance du Christ à Bethléem et se prolongera dans le temple où le Christ est présenté à Dieu et où ses parents le retrouvent après trois jours de recherche.

Le deuxième cycle est dit « lumineux ». En effet, le Christ est la véritable lumière qui éclaire tout homme en venant dans ce monde (Jn 1,9) dominé par les ténèbres à la suite du péché de l’homme. Cette lumière jaillit lors du baptême au Jourdain, illumine le visage des époux et des invités aux noces de Cana, chasse les ténèbres des cœurs qui se laissent toucher par l’annonce de la Bonne Nouvelle, éblouit les trois apôtres témoins de la Transfiguration sur la montagne et demeure dans le cœur de chaque chrétien à travers le Mystère de l’Eucharistie ou de la présence réelle du Christ.

Le troisième cycle est celui des mystères douloureux qui s’ouvre par l’agonie au Jardin des Oliviers, un passage obligé de la méditation de la vie du Christ. Après avoir vécu le déchirement provoqué par la faiblesse de la chair confrontée à l’acceptation de la volonté du Père, le Christ a réparé la désobéissance d’Adam : « non pas ma volonté mais la tienne ! » (Lc 22, 42). Le prix de ce « oui » total et définitif au Père, c’est la flagellation, le couronnement d’épines, la montée au calvaire portant la croix pour y mourir finalement.

Le quatrième et dernier cycle prend fait et cause pour les mystères glorieux et sont constitués de la résurrection du Christ, de sa montée au ciel, de la descente du Saint-Esprit et de l’association de Marie à la gloire du ciel puisqu’elle a communié dès les origines aux mystères de son Fils. On comprend alors que le Pape Paul VI ait décrit le Rosaire comme une « Prière évangélique centrée sur le mystère de l’Incarnation rédemptrice qui a donc une orientation nettement christologique. »

Mais pour porter réellement tous ses fruits, la prière du rosaire doit être nourrie par la méditation de la parole de Dieu et surtout l’observation de précieuses minutes de silence entre les mystères pour éviter le danger d’une répétition mécanique et stérile de formule. Ces conditions étant observées, on pourrait dire :

Heureux le chrétien qui boucle son Rosaire en une journée,

Heureux le chrétien qui dit quotidiennement son chapelet,

Il a dans ses mains, un puissant instrument de conversion au Christ
et une arme fatale contre les assauts répétés du démon et de ses suppôts.  

A jeudi prochain, si Dieu le veut !


Père Eric Oloudé OKPEITCHA

Diocèse de Porto-Novo