Bien-aimés dans le Seigneur,
paix et joie à vous de la part de Jésus-Christ
notre Unique Sauveur !
La vague d’arrestations de présumés cybercriminels, ces derniers mois, dans notre pays, ne saurait laisser indifférent l’observateur le plus distrait. Ils sont pour la plupart jeunes et parfois moins jeunes pour ne pas dire adultes. Ils ont en commun le double désir d’actualiser les risques liés à l’utilisation des moyens de communication sociale et de prendre un vilain raccourci pour atteindre la richesse. Ce qui pourrait passer facilement pour de banals faits divers donne en réalité l’alerte d’une véritable crise sociétale. Mille et une questions se chevauchent, mais une me taraude particulièrement l’esprit : « comment en est-on arrivé là ? »
À cette question, que pourront et devront répondre les confessions religieuses puisqu’il s’agit encore d’une Afrique croyante et pratiquante ? À quelques exceptions près, les personnes aujourd’hui en situation indélicate avec les normes sociales sont passées sous les fourches caudines de l’initiation à quelques confessions religieuses. Et comment comprendre qu’elles puissent aussi simplement enjamber la sueur et les larmes de leurs victimes pour atteindre la richesse ? Comment comprendre qu’elles puissent aisément mettre entre parenthèses les commandements de Dieu et son jugement ?
Que pourront et devront répondre les familles qui tenaient en haute estime l’initiation aux valeurs africaines d’honnêteté, du travail, de la solidarité, du respect du Transcendant et de la sacralité de la vie ? Et comment comprendre que certaines familles soient restées des témoins passifs ou parfois complices des dessous nauséabonds de l’enrichissement rapide et foudroyant de leurs fils ?
Que pourra et devra répondre l’école qui a vu passer entre ses murs la plupart de ces personnes et qui devrait avoir joué sa partition dans la construction de leur personnalité autour des leviers moraux solides devant faire d’elles de dignes citoyens ? La fraternité, la justice et le travail, les trois principaux piliers de notre vivre ensemble au Bénin ont-ils pu s’implanter quelque part dans leurs consciences ?
Que pourra et devra répondre notre société elle-même ? Quel type de success story a-t-elle pu offrir à ces jeunes pour que certains s’engouffrent dans le raccourci vers la fortune au lieu d’emprunter la voie rocailleuse du travail persévérant et constant marqué du sceau de temps ?
La crise est profonde et débordera sûrement la voie judiciaire pour sa résolution. Face à ce drame, il urge que les diverses instances pré-citées fassent chacune faire son examen de conscience à la lumière de son rôle originel dans le processus de socialisation. Dans cette perspective, les familles et les confessions religieuses doivent redoubler d’ardeur sur le chantier de la structuration de la personnalité de l’individu autour des valeurs, dès les premières années de la vie. Ensuite, l’organisation d’une grande concertation de toutes les instances pour l’établissement d’un protocole thérapeutique global destiné à restaurer les valeurs dans les consciences s’avère nécessaire. Il y va de la préservation du vivre ensemble fortement mis à mal par la crise actuelle. C’est aussi le gage d’une solution durable et efficace pour éradiquer un fléau capable de perdre toute une génération si l’on y prend garde. En effet, qu’on le veuille ou non, le mal jouit et exerce une forte dynamique mimétique sur les individus en société.
À jeudi prochain si Dieu le veut !
Père Eric Oloudé OKPEITCHA
Diocèse de Porto-Novo