Homélie de son Eminence John Olorunfèmi Cardinal ONAIYEKAN

Homélie de son Eminence John Olorunfèmi Cardinal ONAIYEKAN à l’occasion de la Messe solennelle de clôture de la 67ème Edition du Pèlerinage Marial national à Dassa-Zoumè

 

Dimanche 22 août 2021, XXIème dimanche du temps ordinaire année B.

 

  1. Avant tout propos, nous remercions le Dieu Tout-Puissant et Miséricordieux qui nous a amené tous sains et saufs en ce sanctuaire marial de Dassa-Zoumè pour lui rendre honneur et gloire, louange et action de grâce. En ce qui me concerne personnellement, je remercie le Seigneur Dieu qui rend possible pour moi de prendre part cette année à cette grande célébration, après tout au moins deux vaines tentatives d’être ici pour cet évènement sacré. Je me dois aussi de saluer et de remercier mes collègues et frères de la Conférence Episcopale du Benin qui m’ont gracieusement invité à célébrer avec vous. Que le Nom du Seigneur soit loué maintenant et à jamais. Amen
  2. Les lectures de cette solennelle Messe choisies avec soin concordent pour notre inspiration et nourriture spirituelles. Dans cette homélie, je voudrais partager avec vous, de simples réflexions tirées de ces lectures.
  3. Je voudrais bien commencer par la première lecture du livre de Josué au chapitre vingt-quatre (24) que nous venons d’entendre. Elle aborde un évènement important dans les débuts de l’histoire du peuple d’Israël ; évènement auquel on fait souvent référence en parlant de ‘’ l’Assemblée de Sichem’’.Après avoir erré dans le désert pendant quarante (40) ans, la nouvelle génération du peuple d’Israël arrive enfin sur la Terre Sainte guidée par Josué qui a pris de Moïse le manteau du leadership de ce peuple ; Moïse qui est mort dans des circonstances mystérieuses après avoir eu seulement un aperçu de la Terre Sainte du haut des monts à l’Est du fleuve Jourdain. Josué, en tête a traversé le Jourdain avec ce peuple près de l’ancienne cité de Jéricho et l’a conduit jusqu’à Sichem où il a convoqué les dirigeants d’Israël a une solennelle et sacrée assemblée. Il leur a fait un vif et complet résume des grandes œuvres que le Seigneur Dieu d’Israël a accomplies pour le peuple depuis leur départ de l’esclavage en Egypte jusqu’à leur arrivée à la Terre Sainte promise à leurs ancêtres Abraham, Isaac et Jacob. C’est alors que Josué les mit devant une très sérieuse décision à prendre : choisir quel Dieu ils serviront. Ils ont le choix entre les dieux adorés par leurs pères dans l’ancien Iraq, les dieux d’Egypte, les dieux des peuples qu’ils rencontrent dans la Terre Promise, ou le Dieu qui les a sortis de l’esclavage d’Egypte. Sans attendre leur réponse, Josué leur annonce sa décision à lui, en son nom personnel et au nom de sa famille de servir le Seigneur Dieu de l’Alliance du Sinaï. Sans délai, de manière unanime, le peuple aussi annonce sa décision : ils serviront le Dieu qui les a sauvés de l’esclavage d’Egypte et les a guidés sans encombre à travers des terres hostiles. Avec ce renouvellement de l’Alliance du mont Sinaï, le peuple était préparé à entreprendre le grand défi de la conquête et de l’occupation de la Terre Promise ; un projet qui prendra plusieurs générations et durera plusieurs centenaires, mais toujours avec l’accompagnement et le soutien du Seigneur Dieu d’Israël.
  4. Bien chers frères et sœurs, notre rassemblement ici à Dassa est comparable à l’Assemblée du peuple d’Israël à Sichem sous la conduite de Josué. Comme Josué, vos dirigeants dans la foi vous ont tous convoqués des différentes contrées de toute la nation béninoise et bien au-delà, à ce sanctuaire marial, pour déclarer et confirmer notre foi dans le Seigneur Dieu Créateur du ciel et de la terre. Comme Catholiques, membres de l’Eglise famille de Dieu au Benin, nous avons tous à un niveau donné, confessé notre foi dans le Seigneur Dieu Tout-Puissant. Nombreux sont ceux parmi nous qui ont hérité cette foi de nos parents. Mais nombreux sont aussi ceux parmi nous qui ont grandi dans la foi de nos pères selon nos religions traditionnelles africaines et qui ont appris à embrasser Dieu tel qu’Il nous est révélé par son Fils, notre Seigneur Jésus-Christ dans l’Esprit-Saint. Que nous soyons nés chrétiens, ou que nous ayons embrassé la foi chrétienne une fois devenu adultes, nous avons eu à choisir de donner notre vie à Dieu en Jésus-Christ, et de nous approcher de lui non plus à travers des images et rituels de nos religions traditionnelles mais à travers l’adoration du Nouveau Testament et la doctrine d’un Dieu en trois Personnes en ligne avec la foi Catholique qui nous a été transmise par les Apôtres de Jésus-Christ notre Seigneur.
  5. L’Evangile de ce jour a un message fort pour nous qui réclamons d’être les disciples du Seigneur Jésus-Christ. Après le miracle de la multiplication de quelques pains pour nourrir des milliers de personnes, Jésus a dit au peuple qu’il donne non seulement le pain physique et matériel pour nourrir le corps mais aussi son propre Corps et son Sang, le Pain du Ciel pour la Vie Eternelle. Le peuple s’est plaint de ne pouvoir comprendre ce qu’il disait : qu’il faudra manger son Corps et boire son Sang. Mais Jésus insiste : « les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie, et personne ne peut venir à moi si le Père ne l’attire vers moi ». Comme la foule commençait à le quitter, il se tourna vers les Apôtres et leur demande : « voulez-vous partir vous aussi ? » Comme Josué dans l’Ancien Testament, Pierre a parlé au nom des autres Apôtres, et en notre nom à tous, nous qui clamons d’être ses disciples : « A qui irions-nous Seigneur, tu as les paroles de la vie Eternelle. Quant à nous, nous croyons et nous savons que tu es le Saint de Dieu ». Nous sommes aujourd’hui, nous aussi, défiés à reconfirmer notre foi dans le Seigneur Jésus-Christ, qui est le Saint de Dieu. Mais il nous est aussi rappelé que c’est seulement par la grâce de Dieu le Père que nous pouvons accepter Jésus pour qui il est, le Saint de Dieu. Nous ne devons pas considérer cette foi comme un acquis. Ils sont nombreux autour de nous, ceux qui n’ont pas encore reçu cette foi en Jésus. Nous qui l’avons reçue, devons être continuellement reconnaissants à Dieu pour cela et faire notre mieux pour vivre une vie qui est consistante avec cette foi.
  6. De nos jours, nous sommes encore constamment confrontés au choix entre les faux dieux et l’unique vrai Dieu. Les faux dieux sont si nombreux autour de nous et nombreux ceux qui tombent sous leur charme. Les idoles de nos jours sont : la gourmandise, la superstition et le manque d’amour pour Dieu et le prochain. Des gens qui viennent à l’église en plein jour parfois retournent au fétichisme et aux rituels qu’ils ont eux-mêmes clamé d’avoir laissé derrière eux et rejeté publiquement. Si nous pouvons nous berner nous-mêmes et berner les autres, nous ne pouvons tromper Dieu qui voit et sonde les cœurs et les pensées de chacun. Et même sans retourner au fétichisme et aux ritualisme, nous pouvons bien entendu servir les idoles si nous pourchassons avec tout notre cœur tout chose qui n’est pas le vrai Dieu ; que ce soit l’argent, le pouvoir ou les plaisirs. Jésus nous a déjà averti disant : « ce n’est pas tous ceux qui me disent Seigneur, Seigneur qui entreront dans le Royaume de Dieu mais ceux qui font la volonté de mon Père qui est aux Cieux ». Nous devons décider de choisir le Dieu de bonté, de justice, de paix et d’amour et rejeter les démons de la haine, de la corruption, des conflits et de l’égoïsme.
  7. A l’Assemblée de Sichem, Josué a rappelé au peuple d’Israël toutes les bonnes choses que Dieu a réalisées pour eux. A cause de l’amour inconditionnel et infaillible de Dieu, le peuple et lui n’ont pas hésité à reconfirmer leur foi au Dieu d’Israël. Notre rassemblement ici en ce sanctuaire Marial est aussi une bonne opportunité pour chacun de nous, de rappeler à notre pensée toutes les bonnes choses que Dieu nous a faites depuis que nous avons embrassé la foi en son Fils notre Seigneur Jésus-Christ. S’il y a un débat au sujet de quels biens le contact avec l’homme blanc a apportés à l’homme noir africain, nous qui avons embrassé la foi chrétienne, n’avons aucun doute que c’est cela le plus grand bien que Dieu a apporté sur notre terre. La mission chrétienne n’était seulement pas d’impacter la connaissance de l’Evangile de Jésus-Christ mais aussi la promotion du bien-être général de l’humain et son développement. Les bénédictions apportées par les missionnaires chrétiens étrangers continuent dans l’apostolat de l’Eglise d’Afrique qui a pris de l’âge sous la direction de ses propres fils et filles. Pour tout ceci, nous ne devons pas manquer de rendre grâce au Dieu Tout Puissant et Miséricordieux par son Fils Jésus-Christ dans l’Esprit Saint. L’histoire de la contribution de l’Eglise Catholique au développement de nos nations africaines reste encore à écrire entièrement. Cette assemblée sacrée en ce sanctuaire Marial est le lieu le plus approprié pour louer Dieu et lui rendre grâce pour ses bienfaits dans chacune de nos vies. Le psalmiste le dit,

« Rendez grâce au Seigneur sur la harpe,

Jouez pour lui sur la lyre a dix cordes

Chantez-lui un cantique nouveau

De tout votre art, soutenez l’ovation » Ps 33,2-3

L’Esprit du Seigneur nous a inspiré de ‘’ chanter de nouveaux chants’’ avec des instruments de notre riche culture musicale. Ceci est très acceptable par notre Dieu dont l’amour consistant demeure sur nous comme nous plaçons notre confiance en lui. Quelle que soit l’importance que revêt notre effort humain, nous savons que :

« Le roi n’est pas sauve par son armée

Ni le guerrier par sa vigueur

Mensonge qu’un cheval pour la victoire

Malgré toute sa force il ne peut sauver » Ps 33,16-17

Voilà pourquoi nous devons continuer de placer notre confiance dans le Seigneur, dont la miséricorde et l’amour sont sans limite, même si tout semble aller très mal autour de nous. Nous continuons de prier Dieu pour qu’il donne de bon dirigeants pour gérer les affaires de nos nations selon sa sainte volonté, pour le bien de son peuple bien aimé qui espère en lui.

  1. Il y a encore une autre importante leçon que nous apprend l’histoire de Josué à l’Assemblée de Sichem. Il a déclaré sa position pour le Seigneur, pas comme individuelle mais comme le chef de sa famille entière.« Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur ». dit-il. Nous devons continuer d’insister sur l’importance de la famille dans notre voyage de foi. Les parents ne doivent pas échouer dans leur responsabilité en cette matière, même si de nos jours, l’institution famille traverse de sérieuses crises provenant spécialement des influences négatives des terres lointaines qui se réclament être civilisées et en progrès. L’Eglise famille de Dieu en Afrique, a en ces jours, le mandat et la mission de témoigner en faveur de l’institution sacrée du mariage et de la famille comme cela l’était depuis le commencement dans les mains de Dieu notre Créateur.

St Paul dans lettre aux Ephésiens nous a donné aujourd’hui un très profond message au sujet du mariage chrétien comme « un grand mystère en référence au Christ et à son Eglise ». Paul insiste que « les femmes se soumettent à leurs maris, comme l’Eglise l’est au Christ ». Mais il est encore plus incisif en ce qu’il espère des maris. Ils doivent aimer leurs femmes comme le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré pour elle. Ils doivent aimer leurs femmes comme ils aiment leurs propres corps. Le mari « quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un ». Dans notre contexte culturel africain, ceci peut paraître étrange et trop demandé. Mais ce n’est en rien surprenant car toutes les cultures humaines trouvent l’idéal du mariage chrétien comme très défiant. Pour vivre de cet idéal, l’on a besoin de la grâce de Dieu pour laquelle nous devons toujours prier avec ferveur. Une bonne famille Catholique est comme une brillante lumière au milieu de l’obscurité, un modèle pour tous à admirer et à imiter. C’est un idéal qui est possible, car avec Dieu toute chose est possible.

Conclusion :

Le choix de ce sanctuaire Marial pour cette auguste et solennelle assemblée de fidèles, famille de Dieu au Benin, est une démonstration de la vraie et juste place honorifique que nous accordons à notre très Sainte Mère Marie. Dimanche dernier seulement, nous avons célébré la solennité de son Assomption au Ciel. La grâce de Dieu qui l’a préservée de tout péché dans son Immaculée Conception a aussi préservé son corps de la dégradation, de la corruption. Elle nous a devancétotalement sauvée comme un disciple du Christ son divin Fils,régnant avec lui dans le Paradis. Nous plaçons sous son patronage tous nos actes de dévotion et toutes nos prières. Que sa puissante intercession porte nos demandes devant le trône de la grâce.

Que la grâce et la paix de notre Seigneur Jésus-Christ soient avec nous tous maintenant et pour toujours.  AMEN