La visite ad limina : Signe d’unité et ferment de communion pour le service des fidèles
La visite ad limina, du latin ad limina apostolorum, signifie littéralement « au seuil [des basiliques] des apôtres. Il s’agit de la visite quinquennale (tous les cinq ans) que les Évêques diocésains et leurs équiparés sont tenus d’effectuer à Rome, pour vénérer les tombes des Apôtres Pierre et Paul, dans leurs basiliques (Saint-Pierre, Saint-Paul-hors-les-Murs). Ainsi, le canon 400 § 1 du Code de Droit Canonique dispose : « L’année où il doit présenter son rapport au Pontife Suprême, à moins de disposition différente du Siège Apostolique, l’Évêque diocésain se rendra à Rome pour vénérer les tombeaux des Bienheureux Pierre et Paul et il se présentera au Pontife Romain ».
Au cours de ce pèlerinage, les Évêques rencontrent l’Évêque de Rome, le Pape et passent dans divers dicastères de la curie romaine. En effet, le Souverain Pontife a besoin de connaitre la réalité ou la vie de chaque Église locale afin de mieux exercer sa fonction de pasteur de l’Église universelle. D’où l’importance de la rencontre, individuelle ou collective (toute la Conférence des Évêques) entre le Pape et les Évêques.
Pour préparer leurs visites, les Évêques rédigent avec clarté, précision, objectivité et vérité un rapport sur l’état de leur diocèse, sur la base d’un questionnaire fourni par Rome (Cf. c. 399 § 1, CIC 83). Cependant, « Si l’année fixée pour présenter ce rapport tombe en tout ou en partie dans les deux premières années de sa présence à la tête du diocèse, l’Évêque peut cette fois-là ne pas rédiger ni envoyer son rapport » (c. 399 § 2, CIC 83).
Les rapports sont envoyés et transmis au Siège Apostolique six mois avant la visite ad limina. Leurs contenus sont répartis dans les différents dicastères de la curie, en fonction des thématiques abordées. Après analyse et étude de ces rapports, un résumé est fait et donné au Pontife Romain. En considérant le lien entre le Pape et les organismes de la curie romaine, le contact avec les dicastères romains permet aux Évêques d’exposer leurs problèmes, de donner des informations de leur diocèse et d’avoir des éclaircissements ou d’éventuelles réponses à leurs préoccupations.
L’obligation de la visite ad limina est personnelle. L’Évêque diocésain doit personnellement honorer ce devoir. En cas d’empêchement légitime, « il s’en acquittera par son coadjuteur, s’il en a un, ou par son auxiliaire, ou bien par un prêtre idoine de son presbyterium qui réside dans son diocèse. Le Vicaire apostolique peut s’acquitter de cette obligation par un procureur, même habitant à Rome ; le Préfet apostolique n’a pas cette obligation. » (c. 400 §§ 2.3, CIC 83).
Au regard de ce qui précède, nous pourrions affirmer que la visite ad limina n’est pas un acte purement et simplement juridique et administratif. Elle est un moyen pour renforcer l’unité et la communion des Évêques (successeurs des Apôtres) avec le Souverain Pontife, Successeur de Pierre. Toute visite ad limina devrait aussi recréer, réveiller et réchauffer l’unité, la communion des Évêques entre eux. Elle leur permet non seulement de « recharger leur foi » en se rendant à Rome et en priant auprès des Apôtres Pierre et Paul et, mais aussi de relancer leur zèle apostolique pour mieux accomplir leur mission de paître, au nom de Jésus et selon son cœur, les brebis qui leur sont confiés et de travailler pour le salut des âmes.
Ce retour aux sources par la visite ad limina leur redonne aux Évêques la confiance qu’ils ne sont pas seuls dans le champ du Seigneur. Ils sont soutenus par l’Église universelle et tous les fidèles en communion avec eux.
Père Jacques Mahougnon AGOSSOU
Canoniste